Le charme et la tendresse, l’audace et la maturité, Ingmar Lazar nous régale. Les Variations Sérieuses lui vont comme un gant de velours au doigté net, limpide et profond. Mendelssohn les écrit à l’âge du pianiste aujourd’hui. Il s’y joue de la mode et des conventions. Noble et audacieux, romantique et robuste. Ouvrir un concert avec une telle pièce est un pari. L’écho virtuose et majestueux des “Goldberg” et autres “Diabelli” y résonne et annonce les maîtres à venir avec son propre génie, pur, intense et limpide. Pari réussi sous les doigts du pianiste maître de son art dès ce premier numéro.
Dans une salle qui s’y prête parfaitement et avec un bel instrument, Ingmar Lazar donne à Chopin toutes ses couleurs, tous ses tons et tous ses reflets. De la fausse simplicité aux éclats qui laissent pantois, de l’indolence feinte aux aveux profonds, son opus 59 parle, chante et éblouit. La confession intime et dramatique de l’opus 48 saisit, libre, authentique et poétique. Le Chopin énergique et fantaisiste de la polonaise opus 44 module du sombre au serein, un paysage dans lequel Ingmar Lazar adore se mouvoir. Et que dire de la Polonaise opus 44 ? Le public jubile.
Le Bizet riche et subtil du Nocturne en ré majeur rappelle que le compositeur de Carmen, L’Arlésienne et les Pêcheurs de Perles, mélodiste doué, était aussi un virtuose du clavier. Tout pour plaire à Ingmar Lazar porteur d’histoires où la virtuosité est au service du climat et du récit. Comme ce Grand Caprice opus 5 de Franck maîtrisé et conduit comme jamais. Chopin en bis finit de régaler le public et de fêter la musique comme elle le mérite en ce 21 juin.
Récital de piano
Ingmar Lazar
Programme
MENDELSSOHN: Variations sérieuses op. 54
CHOPIN: 3 mazurkas op. 59
CHOPIN: 2 nocturnes op. 48
CHOPIN: Polonaise op. 44 en fa dièse mineur
BIZET: Nocturne en ré majeur
FRANCK: Grand Caprice op. 5 Prélude, Choral et Fugue FWV21
Paris, Reid Hall – Samedi 21 juin 2025, 19 heures – Production Arthèmes avec le concours de Pianos Daudé et Institut Hongrois de Paris





