“Original, noble et vigoureux” : les mots de Hans von Bülow sur le premier concerto pour piano de Tchaïkovski s’imposent à nouveau ce soir. Andreï Korobeinikov souple et profond, sensible et majestueux en révèle tous les climats et reliefs avec grâce et un OPPL tout aussi ample, clair et sûr, en un mot royal. En bis, la Valse Sentimentale du même Tchaïkovski allie comme Ravel l’aurait souhaité, noblesse et tendresse, pureté et poésie.
Le Debussy orchestré par Ravel justement nous avait dit les belles couleurs et jolis reflets de la phalange des bords de Loire. Le Korngold écrit à 15 ans plonge ce fleuve dans un océan dont les vagues emportent tout. Déjà du cinéma. La salle en redemande et on le lui donne. Le chef complice s’avance et annonce un bis. L’auditorium de la Seine Musicale exulte et succombe sous le charme, l’assurance et l’énergie de cette dernière danse hongroise signée Brahms. Quelle soirée !
Programme
Debussy, Tarentelle stryrienne (orch. Ravel)
Tchaïkovski, Concerto pour piano n° 1
Entracte
Korngold, Sinfonietta
Les Grandes Œuvres
Andrei Korobeinikov, piano
Orchestre National des Pays de la Loire
Sascha Goetzel, direction
L’Auditorium, La Seine Musicale – Boulogne-Billancourt, jeudi 16 octobre 2025 – 20:30
Texte du programme
Quand Tchaïkovski présente son tout premier concerto pour piano à son ami le célèbre pianiste Rubinstein, ce dernier n’a pas de mots assez durs contre l’œuvre. Tchaïkovski ne se décourage pas et fait jouer l’œuvre telle qu’imaginée : la création est un succès et Rubinstein révisera son jugement.
Le premier mouvement s’ouvre dans un geste monumental et condense toutes les qualités du compositeur russe : lyrisme exubérant et orchestration luxuriante. Plus léger, le mouvement central a des allures presque champêtres quand le final bondit en fanfare, alternant élans mélodiques et danses populaires.
On apprécie le jeu somptueux et puissant du pianiste Andreï Korobeinikov dans ce monument du répertoire, si célèbre qu’il a éclipsé les deux autres concertos de Tchaïkovski.
Enfant prodige formé à Vienne, Korngold a façonné la musique du cinéma hollywoodien à laquelle il donne son incroyable puissance évocatrice forgée dans le langage romantique. Un langage dont il connaît tous les secrets, lui qui n’a pas 15 ans quand il compose cette délicieuse Sinfonietta, d’une sensualité harmonique et d’un lyrisme irrésistible.
Des tourments russes confiés au piano à la somptueuse orchestration de la Vienne fin de siècle, le chef Sascha Goetzel saura tirer des merveilles de raffinement, avec une ample majesté ou un subtil clair-obscur.