Fiona & Chiara Alaimo Salle Cortot

Demandez à Arthur Ancelle et Ludmila Berlinskaïa, ils vous le diront : l’art du 4 mains et du piano-duo est un art à part. Virtuose de votre instrument, il vous faut dialoguer avec un autre virtuose et le même instrument, voire sur le même clavier ! Pas question de dire qu’il y a le piano d’un côté et un violon d’un autre… ou encore un ténor et une soprano qui tour à tour s’unissent ou s’affrontent. Non. Le rythme, les cadences, le contraste, les couleurs, le chant et l’orchestre, tout cela doit fondre et éclater à deux êtres et quatre mains. Maître reconnu de cet art, le Piano Duo Ludmila Berlinskaia & Arthur Ancelle ouvre cette année une classe dédié au 4 mains et piano-duo à l’Ecole normale de musique de Paris – Alfred Cortot. Cela nous vaut, entre autres, le plaisir de retrouver Chiara et Fiona AlaimoSalle Cortot pour ce concert de midi et demi toujours aussi bien préparé par Stéphane Friederich. Après leurs parcours individuels rue Cardinet, les deux jeunes sœurs jumelles perfectionnent leur art du duo dans cette nouvelle classe.

Leur grâce, leur maîtrise et leur proximité résonnent dans Mendelssohn mariant le brio et l’intime. Le clin d’oeil et le goût de la surprise aussi, en nous offrant chacune au cœur de chaque partie du concert, un intermezzo mystère. Surprise pour le public pris par une tendresse empreinte de douleur : c’est un Liszt intime que sublime Chiara. Avant d’offrir avec sa sœur toute leur fantaisie et agilité de haut-vol dans la Rhapsodie Hongroise n°2 du même Liszt.

Après la pause et la réponse à la première devinette, les deux soeurs nous emmènent au cinéma, chez Stravinsky, comme le dit, imagé, Stéphane Friédérich. Et il a raison : le goût du son, de la vie et de l’espace jaillit du piano à l’avant-scène où les artistes posent à présent leurs quatre mains et croisent leurs talents. Fiona s’installe ensuite à l’autre piano pour son intermezzo surprise : une parenthèse harmonique fluide et enchantée. Debussy dira le public connaisseur et voyageur en musique. Ravel et sa valse où Diaghilev ne voyait pas un ballet mais la peinture d’un ballet partage sa poésie et ses tourments avec le rythme obsessionnel et les changements de climat qui nous tiennent et sous le charme, et en haleine. Le public jubile et obtient un bis… toujours hongrois mais signé Brahms, si je ne me trompe pas. On a hâte de réentendre les deux sœurs Alaimo : leur concert hier devant un parterre plein a écrit une belle page de leur histoire, et de celle de cet art.

Chiara et Fiona ALAIMO, piano solo, 4 mains et 2 pianos

Felix Mendelssohn : Andante & Allegro brillant pour 4 mains op. 92

Franz Liszt : Variations sur Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen (cantate BWV 12 de J.S. Bach)

Franz Liszt : Rhapsodie hongroise n°2 (arr. pour 4 mains par Kleinmichel & Bendel)

Igor Stravinsky : Petrouchka (arr. pour 4 mains) partition de 1947

Debussy

Maurice Ravel : La Valse pour deux pianos

Paris, Salle Cortot – Concert de Midi et Demi – Mercredi 15 novembre 2023

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