Bastille : Hamlet ou pas Hamlet ?

Ce soir Bastille est plein, chaque spectateur yeux et oreilles rivés à la scène. L’atmosphère respire l’air des grands soirs. Rare, le Hamlet de Thomas survit au répertoire grâce à ses deux héros. Le prince éponyme et la douce Ophélie inspirent les monstres sacrés qui savent leur donner vie. Le deux stars de ce soir en font assurément partie. Le baryton vibre, gronde et ténorise. Ophélie diaphane carresse, plane et nous émeut. Le reste du plateau est au diapason, y compris pour la prononciation, et la fosse tout autant sous tension et tenue. Alors d’où vient ce sentiment bizarre de ne pas avoir vu Hamlet ce soir ? Où est le jeune premier qui donne envie de redresser les torts ? La folie que l’amour et la raison d’état distillent à petit feu ? Le plaisir d’aimer et de croire aux héros sortis de l’imagination pour mieux imaginer la vie ? Perdus dans cette mise en scène qui enfonce les clous sans respect de la lettre. Dommage que cela arrive à une telle équipe artistique et une oeuvre qu’on ne voit pas si souvent, même si Paris fait exception ces derniers temps. À savourer les yeux fermés.

Hamlet

Musique : Ambroise Thomas (1811-1896)

Livret : Michel Carré et Jules Barbier

Chef d’orchestre : Pierre Dumoussaud

Mise en scène : Krzysztof Warlikowski

Lumières : Felice Ross

Concepteur vidéo : Denis Guéguin

Chorégraphe : Claude Bardouil

Dramaturge : Christian Longchamp

Scénographe : Małgorzata Szczęśniak

Costumière : Małgorzata Szczęśniak

Chef de chœur : Alessandro Di Stefano